A propos de « Pièces à conviction », magazine diffusé par FR3

En tant qu’anciens d’AREVA, les animateurs de ce site s’abstiennent généralement d’intervenir sur des sujets d’actualité, a fortiori sur des controverses touchant AREVA. Aujourd’hui, cependant, suite à la présentation du reportage de FR3 en date du 11 février 2009, nous ne pouvons rester silencieux tant l’émoi est grand dans le monde nucléaire et parmi tous nos amis.

Le magazine, en effet, n’a pas manqué de frapper les esprits de ceux qui ont suivi le reportage sur les sites des anciennes mines françaises d’uranium et à propos des stériles et déchets laissés sur place par les anciens exploitants qui, loin s’en faut, ne relevaient pas tous d’AREVA  ou de ses prédécesseurs COGEMA ou le CEA.

Après avoir suivi le reportage, les spectateurs peu au fait des questions nucléaires n’auront pu que ressentir du dégoût à l’égard d’une industrie apparaissant aussi peu responsable et depuis aussi longtemps.

Les spectateurs les plus fragiles n’auront pu qu’être angoissés et même effrayés par les séquences mentionnant avec insistance le manque de précautions d’un industriel et les risques qu’il fait encourir aux populations locales pour leur santé. Ils n’auront sans doute pas noté qu’un spécialiste de médecine nucléaire, pas même un médecin généraliste, n’ait été interrogé pour exprimer son avis sur une question aussi sérieuse.

AREVA, ainsi que tout son personnel et ses anciens collaborateurs, se sont sentis discrédités, insultés, calomniés dans un débat à charge mené de façon agressive et non équilibrée, alors que de son coté, FR3 se déclarait honorée d’avoir brisé un tabou concernant un scandale caché et se félicitait d’avoir ouvert un débat national sur les déchets uranium en France, lancé des enquêtes et un débat sur une question de santé publique.

 

Au total, une mise en accusation choquante alors que le sujet se prêtait tout à fait à une présentation pédagogique sur la radioactivité – naturelle comme artificielle  –, les précautions à prendre (et prises) concernant les stériles et les déchets, la controverse sur l’effet des faibles doses, le réaménagement de certains des anciens sites d’exploitation ou encore une information sur les conséquences sur la santé publique de 50 ans d’exploitation. Compte-tenu du caractère dramatique du reportage, on ne manque pas d’être surpris qu’il n’ait été fait état d’aucun accroissement anormal de décès ou de maladies graves dans le Limousin. N’y aurait-il donc rien à dire ? Un parallèle aurait pu être fait également entre les mines d’uranium et les autres mines  – y compris dans la région – par exemple avec certaines anciennes mines d’or à l’origine d’une contamination reconnue des sols et de certaines rivières du Limousin.

Non, les journalistes ont préféré dénoncer une France contaminée, minée, dire que l’eau distribuée depuis des décennies par la ville de Limoges est contaminée, déplorer que l’industrie nucléaire comme les pouvoirs publics et les organismes de contrôle prennent les citoyens français pour des imbéciles…espérons que tous les spectateurs n’auront pas avalé les couleuvres présentées par FR3 et n’iront pas s’imaginer qu’ils vivent depuis des décennies au cœur d’un « Tchernobyl » lancinant et pernicieux..

On trouvera des observations tout à fait argumentées, en quelque sorte des « pièces à conviction », vraies celles-là, sur les sites d’AREVA et de la Ville de Limoges. Plus commodément, l’internaute pourra consulter sur ce site quatre documents factuels :

-          Communiqué d’AREVA du 12 février 2009,

-          Décryptage par AREVA de l’émission de FR3,

-          Communiqué de la Ville de Limoges

-          Lettre d’un ancien responsable d’AREVA à Elise Lucet.

 

 

Bernard Lenail